Ma chronique du 08 juillet 2006 pour l'hebdomadaire "Le Courrier du Nord"
Le Maroc est –technologiquement parlant- un marché en plein essor. Avec presque 5 millions d’Internautes et un peu plus de 13 millions de clients de mobile, l’ouverture du marché de la téléphonie fixe, et l’augmentation zélée des investissements étrangers dans le secteur, le pays occupe une place, pour le moins, intéressante dans le continent africain (pour ne pas dire la première).
La dernière réunion de l’ICANN (Internet Corporation for Assigned Names and Numbers) à Marrakech ne peut que renforcer ces propos. Visiblement, nous sommes sur le bon chemin. Mais comme tout est relatif, les chiffres et les statistiques en général, bien qu’ils donnent une idée assez globale sur l’état des choses, ne reflètent pas la vérité absolue. Dernièrement, durant un trajet de train entre Marrakech et Casablanca, j’ai eu une discussion assez sympathique à propos du sujet, avec un cadre de l’ANRT (Agence Nationale de Réglementation des Télécommunications). Le monsieur avait commenté en rigolant : « Les statistiques sont comme les bikini, ils montrent tout sauf l’essentiel ». Évidement monsieur, vous avez raison. Pour le simple exemple : les cartes SIM, qui désormais coûtent 30 DH TTC, communications incluses, nous avons même tendance à les utiliser comme des cartes jetables. Moi, personnellement, j’ai trois numéros de GSM. Du coup je suis considéré comme étant trois clients différents dans les statistiques. Allez voir combien de Marocains possèdent plus d’une carte SIM !
Pour revenir à notre sujet, le Maroc est en train de mener un véritable boom technologique, certes, mais un boom purement technique et sans la moindre sensibilisation du public. Dans un pays où une grande partie de la population est analphabète, mais surtout inconsciente, l’affaire peut se révéler particulièrement périlleuse. Sur la chronique consacrée à ‘Google Trends’, nous avons déjà démontré que notre pays est classé 2ème parmi les nations qui cherchent le plus de la pornographie sur Internet. J’ai refait les tests il y a quelques jours… Nous occupons dorénavant la première position. Comme quoi les choses s’aggravent ! Sans aller trop loin, et dans le même conteste, nous avons eu droit dernièrement, au premier site de ‘phishing’ avec une extension nationale (.ma). Le site prétend vendre des recharges téléphoniques en ligne, et en profite pour soutirer des numéros de carte de crédits de clients non avisés ou mal informés.
L’affaire des sites israéliens anéantis par les pirates marocains est un autre exemple significatif car, même si de tels actes peuvent s’avérer compréhensibles dans ce cas de figure, il reste essentiel, voire indispensable d’en tirer des conclusions, et essayer de faire muer de telles compétences vers le droit chemin.
Quoi qu’il en soit, le Web marocain, et le secteur technologique en général constituent un véritable champ d’expérimentations de tout genre, et un facteur de risques à fort potentiel pour le pays. La liste des sites censurés au Maroc est assez significative et donne une large idée sur le sujet. Face à un vide juridique absolu, la censure n’est catégoriquement pas la solution… Et c’est vous qui voyez…
Mohammed SLIMANI
Le Courrier Du Nord
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