La soirée avait plutôt mal commencé. J’ai eu la désagréable surprise de découvrir que la place qui m’était échue était un strapontin qui semblait aussi confortable que ceux de la ligne 10 du métro parisien, après le passage d’un troupeau de supporters du PSG avinés un soir de victoire (heureusement cela n’arrive pas souvent).
J’étais d’autant plus mécontent que j’avais payé ma place au prix fort et que la vendeuse ne m’avait pas prévenu que je n’aurai droit qu’à cet ersatz de siège. Grrrrrr…
Mais Gad el Maleh est l’humoriste le plus couru au Maroc et ses spectacles sont souvent complets plusieurs semaines à l’avance. Ravalons donc notre rage et posons notre postérieur sur le minuscule carré de velours rouge.
Mais le sort avait décidé de s’acharner contre moi. Quelques minutes après mon installation forcée, le strapontin s’est écroulé, et, par un effet naturel d’entraînement, le postérieur posé dessus également. (quand je vous disais que la soirée commençait mal !).
Le préposé à la maintenance est vite intervenu pour redresser le siège cassé et le caler avec un objet métallique quelconque. Mais il a jugé utile de conclure son intervention par une remarque qui laissait perfidement sous-entendre que cette avarie technique était moins due à la qualité de fabrication dudit strapontin qu’au poids du postérieur posé dessus…
Quand les lumières se sont éteintes, je n’étais donc que modérément dans un état d’esprit comique. Par ailleurs, si j’étais heureux de voir Gad en live, j’avais peur de m’ennuyer à un spectacle dont j’avais vu plusieurs fois le DVD.
Mais c’était compter sans le génie (il faut oser le mot) de Gad. Son show d’hier était en grande partie inédit, d’autant plus inédit qu’il s’écrivant dans l’instant, dans l’improvisation, de façon interactive avec le public. Gad est certainement l’un des rares artistes qui sait canaliser, à son service, l’enthousiasme parfois excessif et dérangeant du public marocain.
Plutôt que de jouer les sketchs vus et revus de son DVD, Gad s’est lancé dans une sorte de stand-up improvisé sur le Maroc, Marrakech … et l’impossibilité pour un comique de jouer son spectacle devant un public qui le connaît déjà par cœur, et qui anticipe toutes les chutes comiques.
Il y a eu de nombreux morceaux de bravoure dans ce show, particulièrement une irrésistible imitation de parler soussi et un sketch sur les bagarres d’ivrogne dans les bars de Casablanca. Et c’est cela certainement le plus impressionnant chez Gad : même s’il a quitté le pays depuis plusieurs années, c’est certainement l’humoriste marocain qui a le regard le plus drôle (et le plus juste) sur le Maroc.
La première fois que j’ai vu Gad en Live, c’était, je crois, en 1995, au Palais des Congrès de Marrakech, lors d’un dîner de gala organisé au profit d’une association humanitaire. Personne ne le connaissait à l’époque mais toute la salle était pliée de rire.
En 1996 ou 97, je suis allé le voir au Palais des Glaces, à Paris. Il jouait son premier spectacle « Décalages ». Je me souviens que je suis tombé de mon siège tellement je riais (et ce n’était pas une histoire de strapontin défaillant). Je suis d’ailleurs retourné le voir la semaine suivante…
Depuis, malgré quelques aventures cinématographiques aproximatifffffsss, Gad a connu un succès fulgurant, et mérité.
Au delà de ses talent d’écriture, d’improvisation, d’ « expression corporelle », il a cette capacité unique de faire rire sans fiel, cynisme ni méchanceté, avec un regard tendre et attendrissant sur ses victimes.
Merci Gad !
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