L’office raccorde des clients censés être desservis par les concessionnaires.
Le dossier est soumis au ministère de l’Intérieur qui s’engage à trouver une solution à la rentrée n Les opérateurs privés s’inquiètent de l’arrivée de la filiale commune de l’ONE et de l’Onep dans la course aux concessions
Younès Maâmar, DG de l’ONE (Office national de l’électricité), a du pain sur la planche. A peine installé dans ses fonctions, il se retrouve avec un dossier brûlant à traiter : le différend qui oppose l’office à quelques concessionnaires privés, notamment la Redal pour Rabat et la Lydec pour Casablanca au sujet du territoire de distribution d’électricité. Un dossier tellement compliqué qu’aucun de ses prédécesseurs n’avait réussi à le régler. De quoi s’agit-il ?
En résumé, la Redal (Veolia) à Rabat ou la Lydec (Suez), à Casablanca, reprochent à l’ONE de brancher des clients censés relever de leur territoire tel qu’il figure dans les contrats de gestion déléguée qu’ils ont signés. A Rabat, par exemple, des sources à la Redal expliquent que des populations résidant à la périphérie de la ville, mais relevant du territoire du distributeur, n’étaient pas raccordées au réseau électrique à cause de l’absence d’infrastructures.
Or, ces mêmes populations une fois raccordées grâce au PERG (Programme d’électrification rurale globale), initié par l’ONE, continuent de relever de l’office. Ce sont donc des clients en moins pour la Redal. Auprès de cette dernière, le manque à gagner est estimé à 2 000 clients à ce jour.
Du côté de la Lydec, ce sont les deux zones de Sidi Maârouf et Lissasfa qui créent la discorde. En effet, au moment de la signature du contrat en 1997, elles ne faisaient pas partie du périmètre de l’ex-Communauté urbaine de Casablanca (CUC) aujourd’hui devenue Commune de Casablanca. L’ONE pouvait donc en toute légalité raccorder les habitants de ces deux zones à son réseau de basse tension (BT). Or, aujourd’hui, et suite au nouveau découpage administratif, Sidi Maârouf et Lissasfa sont réintégrées dans le périmètre de la Commune urbaine de Casablanca. Du coup la Lydec revendique ces territoires ne serait-ce, dit-on, que pour «une raison d’homogénéité puisque les clients de ces deux zones sont desservis par la Lydec en ce qui concerne l’eau potable et l’assainissement liquide».
Le ministre de l’Intérieur : «Les contrats sont clairs»
Et ce n’est pas tout. On reproche également à l’ONE de desservir des clients sur d’autres communes qui ont délégué leur gestion à la Lydec, notamment Salmia, Ahl Loghlam et Sidi Moumen.
Et que ce soit à Rabat ou à Casablanca, les concessionnaires considèrent, à juste titre d’ailleurs, qu’«il est naturel et important que les lois et les termes des contrats soient respectés». Un avis que partage d’ailleurs sans hésiter le ministère de l’Intérieur.
Le directeur des Régies et services concédés, Mohamed Kadri, en charge de ce dossier, est lucide. Selon lui, «la situation sur le plan juridique et légale est très claire dans la mesure où les contrats de gestion déléguée signés avec les concessionnaires portent sur des territoires connus et clairement délimités». En d’autres termes, l’ONE est dans son tort.
Des sources à la Redal et à la Lydec indiquent toutefois que le nouveau DG de l’ONE semble être disposé à trouver des solutions concertées. Cela dit, et malgré nos multiples appels, la direction de l’ONE n’a pas donné suite à nos requêtes. M. Kadri assure que ce flou ne peut durer et promet qu’une solution sera trouvée à la rentrée.
Mais le ministère de l’Intérieur aura également un autre problème à régler, qui met toujours aux prises les opérateurs privés, dont des concessionnaires, et l’ONE accompagné, cette fois-ci, de l’Onep. En effet, à la veille de la concession des services publics pour la ville de Marrakech, l’arrivée annoncée d’une filiale commune de l’ONE et de l’Onep, qui pourrait prendre part à la course, suscite des craintes parmi les opérateurs privés, notamment étrangers.
Filiale ONE-Onep : concurrence déloyale ?
Ainsi, un haut responsable d’une société concessionnaire explique que «la filiale commune de ces deux offices est une forme de concurrence déloyale». Pourquoi ? Parce que, explique-t-il, «les deux offices se trouvent être en même temps producteurs d’eau et d’électricité». Mais en quoi cela représente-t-il une concurrence déloyale ? Pour l’expliquer, notre interlocuteur prend le cas de Marrakech. Ainsi, l’opérateur qui prendra en gestion déléguée la distribution d’eau et d’électricité de la ville devra naturellement s’engager à prendre en charge le passif de l’ancienne régie de la ville, la Radeema. Or, il se trouve que l’essentiel du passif de la régie est constitué des arriérés de consommation envers l’ONE et l’Onep. Ces derniers, ou plus exactement leur filiale commune, bénéficiant des «synergies» avec ses deux actionnaires, sera sans nul doute en mesure de faire une offre financière plus intéressante et donc de rafler la mise. C’est là que réside la «concurrence déloyale» qui inquiète aujourd’hui certains opérateurs.
Un argument que le DG de l’Onep, Ali Fassi Fihri, balaie d’un revers de la main en expliquant la philosophie qui préside à la création de cette filiale. Il commence d’abord par confirmer que «l’Onep est favorable à l’idée de créer des sociétés de distribution là ou son champ d’action le permet, en association avec les communes». Mais l’idée, selon lui, est davantage«de mettre en place des sociétés de distribution par grande région, au lieu de garder des régies isolées qui ont des difficultés de gestion et des problèmes d’efficacité». Un avis que l’on retrouvera également au ministère de l’Intérieur qui, à travers de récentes études, était d’ailleurs à l’origine de l’idée. Et tout semble indiquer qu’elle sera mise à exécution. Les opérateurs privés n’ont qu’à bien se tenir !.
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