Comme chaque noël Microsoft nous réserve des surprises, cette année nous avions droit à une jolie interview de "Microsoft Maroc" accordée à Menara le 22/12/2005 intitulée « Microsoft Maroc parie sur le projet Génie ». J’aimerais faire le point sur quelques aspects de cette interview.
« Le programme de prix couvre l’ensemble de notre catalogue très riche à l’exception du système d’exploitation. En effet, le système d’exploitation n’est pas vendu au client final par Microsoft. Il est acquis par les clients à travers les fabricants d’ordinateurs sous forme d’OEM. A ce titre, son prix est régulé par le marché et la loi ; on ne peut donc pas fournir des remises sur le système d’exploitation fournis par les fabricants au risque de violer les règles du commerce auxquelles nous sommes soumis . »
C’est ce que j’appelle de la vente forcée, pure et simple, quand vous achetez votre PC, vous achetez du matériel "Hardware", un système d’exploitation tel "MS Windows" est du "Software", on vous fait payer pour le logiciel en achetant du matériel, c’est obsolète, vous imaginez les gens qui n’utilisent pas Windows et qui le payent quand même à chaque fois qu’ils achètent un nouveau PC ?
« J’ai commencé l’informatique il y a 25 ans en écrivant des programmes C sur Unix, c’est ce qu’on m’a appris à l’école. Une fois dans l’univers de l’entreprise, je me suis rendu compte qu’il y a une autre dynamique pour la gestion du système d’information de l’entreprise. L’entreprise doit se concentrer sur son cœur de métier et utiliser l’informatique comme un outil de développement économique, de différentiation et d’innovation . »
Le problème que vous releviez ici est un le problème de beaucoup d’écoles qui ne suivent pas et ne préparent pas leurs étudiants à la vie de l’entreprise. Lier ceci à UNIX est trop tiré par les cheveux. La gestion du système d’information ne dépend pas forcement de la technologie utilisée. Cette dernière ne reste qu’un moyen/outil pour en arriver. Je ne vois donc aucun rapport entre UNIX et le problème de gestion du SI.
« L’informatique pour l’informatique est dangereuse . »
Certes, dans le cas où l’informatique n’est pas le cœur métier de l’entreprise.
« Unix est quasiment, je peux le dire, mort. Car il existe une multitude de systèmes d’exploitation qui sont issus ce mot générique (Solaris, HP-UX, AIX, ...) incompatibles sur le marché . »
Quelles sont vos sources pour faire une telle déclaration ? UNIX perd des parts du marché, mais il est loin d’être mort, les grandes sociétés, IBM, SUN, HP... font toujours tourner leurs systèmes dessus. Ce choix est dû aux performances que rapportent ces systèmes d’exploitation.
Il faut distinguer entre les systèmes *NIX et le système GNU/Linux, d’abord parce que la plupart de ces OS sont propriétaires (chacun le faisait évoluer comme il voulais), et par ce que la base de toute distribution GNU/Linux est la même : Linux (le noyau), donc le soucis de compatibilité est largement inférieur, que si on parle de plate forme Alpha et i386, ou de Microsoft Windows et Mac OS.
La disponibilité des sources rend la compatibilité un fait. Prenons l’exemple de ‘’Apache Server’’, libre, multiplateformes et détient lui seul plus de 70% de part du marché mondial, c’est cela la vrais compatibilité et non pas celle des produits du genre IIS serveur.
« D’ailleurs, le développement économique de Linux, issu aussi d’Unix, se fait sur le dos des solutions Unix propriétaires. »
Vous êtes entrains de confondre un système d’exploitation (OS) et un noyau de système d’exploitation (kernel). Linux est juste un noyau et rien d’autre, il est basé sur Minix qui lui était basé sur Unix, l’écart est très signifiant, l’architecture actuelle et le fonctionnement interne de Linux dans sa branche 2.6.x est totalement différent de celle d’UNIX, le développement économique de Linux suit un chemin complètement à part. Les oiseaux et les reptiles sont de la même famille à la base jusqu’à ce que les oiseaux deviennent des oiseaux, si vous venez aujourd’hui me dire qu’un pigeon est la même chose qu’un lézard ce serait complètement absurde.
Le modèle économique (je parle bien du modèle) de GNU/Linux et des logiciels libres en général, donne plus d’importance aux services qu’aux coût des logiciels eux-mêmes. Je rapprochais même le développement économique des *NIX "propriétaires" du coté Microsoft que du côté GNU/Linux et Logiciels Libres.
« Sur le volet du prix, le logiciel libre n’est pas gratuit. Pour preuve, le coût de possession induit par le logiciel libre est beaucoup plus élevé que le coût commercial ».
Votre déclaration basée sur les enquêtes sponsorisées par Microsoft, je vous invite à consulter des évaluations plus neutres qui, d’ailleurs, démontrent tout simplement le contraire.
« D’ailleurs, des sociétés qui développent des logiciels libres sont cotées en bourse au NASDAQ et gagnent de l’argent ; j’ai du mal à croire qu’elles font du bénévolat. »
Ici vous confondez des notions de base, ceci est très dangereux, je me vois dans l’obligation de définir quelques termes :
Logiciel gratuit : un logiciel qu’on peut utiliser gratuitement (free as free beer) peut importe qu’il soit libre ou Open Source.
Logiciel Open Source : un logiciel dont nous avons l’accès au Code Source. Il peut être gratuit comme payant mais il n’est pas obligatoirement libre.
Logiciel Libre : un logiciel qui respecte les quartes libertés comme définies par la FSF :
Liberté 0 : La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages.
Liberté 1 : La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins. Pour ceci l’accès au code source est une condition requise.
Liberté 2 : La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider votre voisin.
Liberté 3 : La liberté d’améliorer le programme et de publier vos améliorations, pour en faire profiter toute la communauté. Pour ceci l’accès au code source est une condition requise.
En clair, rien n’empêche un logiciel libre d’être gratuit, si des sociétés développant des logiciels libres sont cotées en bourse c’est bien que ce système économique et tout à fait réussit, contrairement a ce que vous essayer de faire croire, le bénévolat n’est pas une condition (même si c’est souvent le cas). Ces gens fournissent de très grands effort et sont récompensé en vendant leurs programmes, la seule condition ici et de publier les sources selon la GPL, En plus, l’expertise de ces entreprises est souvent rendu publique (livre blanc, logiciels).
« J’ai aussi du mal à croire que le logiciel libre sera un vecteur de l’innovation et l’encouragement de la recherche et développement, comparativement aux investissements colossaux en RD d’acteurs comme Microsoft, Oracle, SAP ou IBM, ... ou encore des acteurs partenaires qui développement autour des technologies commerciales. Comment est ce que l’industrie qui apporte le plus de valeurs aux entreprises puisse être gratuite ? »
S’il y a bien un système qui encourage l’innovation et la recherche c’est bien les logiciels libres. La disponibilité des codes sources permet à n’importe qui de continuer et/ou d’améliorer un travail issu de la recherche, en parlant d’innovation, il me conviens de rappeler que les principales technologies réussies de nos jours sont issues des communautés libres et open source (Internet, les interfaces graphiques ...etc). Les grands acteurs ne font souvent que reprendre le fruit des années de travails de ce que vous appeliez bénévoles et le présenter commercialement avec quelques améliorations.
L’investissement dans les logiciels libres rapporte plus que le prix du logiciel lui même, cela rapporte de l’expertise. IBM s’est rendu compte de cela et c’est d’ailleurs l’une des raisons pour laquelle elle a mis à disposition des progiciels comme Eclipse gratuitement, mais surtout librement.
« Ce que je n’aime pas dans la technologie, ce sont les virus, les hackers et tout usage et détournement nuisible de sa vocation de rendre service à l’être humain »
Encore une fois vous confondez ! Hacker est un terme noble, c’est grâce à des hackers comme Brian W. Kernighan et Dennis M. Ritchie que vous aviez pu programmer en langage C à l’école et c’est grâce à des hackers comme Steve Jobs que nous avons droit à des ordinateurs grand publique et c’est encore grâce à des hackers comme Richard M STALLMAN et Linus TROVALDS que nous avons un système aussi réussi que Gnu/Linux... ce sont les crackers qui créent des virus, qui nuisent et qui détruisent... si vous ne faites pas la différence entre deux termes si basiques dans le monde de l’informatique, ce n’est pas nous qu’il faut plaindre.
Les faits sont là, si la plupart des virus sont développés pour Microsoft, ce n’est pas par hasard. Pourquoi ? Tout simplement par ce que souvent le côté marketing/commercial a pris le dessus sur le coté sécurité/robustesse des applications. Techniquement parlant, c’est à cause d’un problème d’architecture qui donne à un programme l’accès à presque toutes les ressources d’une machine. L’architecture Linux et GNU/Linux limite par contre les dégâts qui peuvent être causé par un virus.
med slimani
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